Friday, January 10, 2014

Série Analyse des Programmes : Le PLD: 1 à 6

Pour le PLD, nous nous appuyons sur leur programme, ici

« 1. Retrouver un excédent budgétaire en 3 ans par une réduction massive de la dépense publique.
L'endettement public constitue une menace grave pour nos libertés et notre prospérité. Quand les richesses que chacun crée servent surtout à payer les créanciers de l'État, les chances de réaliser ce qui compte dans nos vies se réduisent singulièrement. Ma
is c'est aussi une question de moralité à l'égard de nos enfants. Nous les chargeons des dettes d'un État-Providence dont leurs parents n'avaient pas les moyens, et dont ils ne jouiront jamais.
Nous retrouverons en trois ans un excédent budgétaire en ramenant le statut de la fonction publique dans le droit privé et en fermant des organismes publics et des directions ministérielles dans les domaines où l’État n’a pas à intervenir. En dix ans nous réduirons d'un tiers la dette publique.
Les agents de l'État perdant leur emploi seront pris en charge par l’assurance chômage selon les mêmes termes que les salariés du privé, l'État abondant les fonds nécessaires, et finançant en outre les formations de reconversion pour ceux qui devront changer de métier.[…] »

Bien sûr, le programme du PLD est de loin le plus libéral de tous ceux que nous critiquons – heureusement. Pourtant, il s’y glisse assez d’incohérences pour que nous soyons en opposition. Ainsi l’expression « les domaines où l’État n’a pas à intervenir » suppose qu’il y aurait des domaines où l’état serait légitime, ce que nous contestons ; il se garde de plus bien de dire lesquels. Plus concrètement, il n’est pas juste que les fonctionnaires, qui ont longuement profité d’un statut privilégié, soit maintenus dans le privilège de voir leur chômage financé par l’état, avec de plus formation payée. Rappelons que ces citoyens ont fait le choix du statut, ils doivent donc l’assumer. Concernant la dette, nous considérons que ce n’est pas aux contribuables de la rembourser, mais bien sûr à ceux qui l’ont contractée et ont signé en bas de page : les élus.


« Recentrer le gouvernement sur ses deux fonctions régaliennes : sécurité et justice.
Les libertés fondamentales des Français se délitent depuis quarante ans, au premier rang desquelles la protection contre toute forme d'atteinte à l'intégrité physique des personnes et d'atteinte aux biens. Les agressions violentes déclarées contre les personnes ont été m
ultipliées par quatre durant cette période. Les enquêtes académiques montrent qu’un nombre croissant de citoyens ont été victimes d’actes de délinquance qu’ils n’osent même plus signaler aux forces de l’ordre.
Le PLD est préoccupé par les dysfonctionnements qui affaiblissent l'institution judiciaire. Sur les plus de 600.000 textes opposables aux justiciables, plus des deux tiers devraient être purement et simplement abrogés, permettant de retrouver une justice lisible et compréhensible par tous. Des peines de prison ne sont pas effectuées faute de place. Les juges sont trop peu nombreux, et les victimes privées de considération par les tribunaux et de réparation par leurs agresseurs. Or il revient à l'État de fournir ces prestations de sécurité et de justice aux citoyens pour défendre leurs droits individuels.
L'État sera rénové autour de ses ministères centraux, aujourd'hui ses parents pauvres : la Justice, la Défense et la Police. Il rendra une justice plus rapide selon des principes clairs, fondés sur la pleine et entière responsabilité individuelle. […] »

Le PLD – et c’est tant mieux – continue de s’avérer le moins non-libéral de nos analysés. Mais comme lors du premier exercice, il laisse voir de nombreuses incohérences avec la pensée libérale, à commencer par sa manie de mettre la Liberté au pluriel. Choisissant un vrai sujet, il achoppe tout de suite en entérinant « l'institution judiciaire », alors qu’elle fait partie du problème. Rappelons que la justice libre est une justice privée, sans procureur et centrée sur la réparation des victimes et non sur la punition des coupables par l’état moralisateur. De même, la prison n’est pas plus remise en cause, alors qu’elle fait elle aussi partie du problème – il n’y a pas de prison en Libertalie. On évoque bien de manière furtive les « victimes privées ... de réparation », mais cela n’est pas posé comme principe majeur à revendiquer. Surtout et pour finir, oser dire qu’il « revient à l'État de fournir ces prestations de sécurité et de justice », c’est montrer que le PLD ne sait pas faire la différence entre les fonctions régaliennes, indispensables, et leurs opérateurs qui doivent être tout sauf un monopole de la violence légitime (Max Weber) pour que la Liberté soit possible.


«Séparer l’économie et l'État : fins des subventions, des monopoles ; nouvelle loi sur les faillites bancaires.
Notre crise actuelle provient de la connivence entre l'État qui a besoin de partenaires financiers pour financer sa dette colossale, et les banques qui ont multiplié les mauvais investissements, avec la promesse d’une aide publique quand les chos
es tourneraient mal. De façon générale, lorsque les hommes de l'État subventionnent une entreprise, ils ôtent aux citoyens de l’argent que ceux-ci auraient dépensé ou investi dans des biens produits par d’autres secteurs. Cela réduit le pouvoir d’achat et le revenu global, au profit d’entreprises incapables de créer plus de valeur qu’elles n’en consomment. Ces actions publiques sont incompatibles avec ce que l’on appelle un développement durable.
Les réglementations nuisibles seront abolies. L’État n’utilisera plus l’argent des contribuables pour empêcher la faillite d’entreprises, même en cas de faillite bancaire. Les dépôts seront protégés par les fonds des actionnaires puis ceux des créanciers obligataires
La monnaie doit rester loin des mains des hommes de l'État pour garantir sa solidité et limiter l'impôt caché qu'est l'inflation. »

Le PLD comme à son habitude nous envoie de vrais signes de Liberté. L’exposé pédagogique du début de cette proposition est ainsi à saluer. Mais hélas comme d’habitude, quand on gratte un peu, l’étatisme se révèle encore bien présent. Et voici qu’on nous promet que « les réglementations nuisibles seront abolies ». Magnifique n’est-ce-pas ? Sauf que voilà, des réglementations non nuisibles, cela n’existe pas – on parle de réglementations imposées ici bien sûr. Et évidemment, on continue de confirmer que l’état sera encore bien présent dans cette société libre qu’on nous propose. C’est dommage, à part ces deux faux pas, c’était presque parfait. Mais texte après texte, le PLD nous montre décidément ses limites…


« 4. Supprimer les niches fiscales et instaurer une fiscalité qui ne pénalise pas le succès : flat tax pour les dépenses locales, TVA pour les dépenses nationales. Payer le salaire complet : libre choix des assurances sociales, dont la retraite.
L'impôt est la contrepartie d'un service rendu par l'État. Or, plus de 200 impôts et 400 niches fiscales perme
ttent aux contribuables les plus aisés de réduire leur imposition et augmentent la charge que l'État doit faire subir aux autres contribuables. Pire encore, l'impôt aujourd'hui punit ceux qui réussissent, ceux qui forment le capital productif qui augmente le revenu de tous. Le système de financement croisé des collectivités locales est en outre devenu illisible, ce qui limite le contrôle des électeurs. […] »
Il y a dans cet exposé fiscal du PLD de nombreux points critiquables, et nous avons scindé l’analyse du texte en deux. L’idée d’une fiscalité qui ne pénalise pas le succès est une idée vouée à l’échec, ou une fausse promesse. Quels qu’ils soient, l’existence même d’impôts biaise le marché et donc le succès vers les niches où les impôts n’existent pas. Certes, uniformiser la structure fiscale réduit ses inégalités, mais cela ne les gomme jamais entièrement. Pire, oser dire que l’impôt est « la contrepartie d'un service rendu » n’est autre qu’un mensonge. Le service rendu supposerait que celui qui n’aurait recours à aucun des services de l’état pourrait prétendre à ne payer aucune impôt, chose impossible. Sans rappeler évidemment que l’état n’est pas prestataire de service, mais monopole de la violence légitime.


« […] Nous instaurerons un système simple reposant sur deux piliers : un impôt indirect pour l'État (TVA), et pour les collectivités locales un impôt proportionnel à taux unique (« flat-tax ») sur les revenus des ménages et des entreprises. Ces deux impôts seront à taux bas (16%), et sans niche fiscale. La flat tax augmente partout le civisme fiscal et réduit la fraude ; elle encourage les personnes les plus qualifiées à travailler plus, à prendre plus de risques, accélérant le redressement économique de nombreux pays auparavant en difficulté. Nous rétablirons le salaire complet : l'employeur versera au salarié la totalité de son salaire, c’est-à-dire sans déduction de charges sociales. Celui-ci pourra ensuite les verser à l'assureur de son choix pour la maladie, le chômage et la retraite.
Le type de collectivités locales sera réduit à deux (la commune et un échelon supra-communal), et la liberté de gestion sera accrue : ainsi certaines pourront se montrer interventionnistes mais avec un taux d’impôt plus élevé, d’autres pourront intervenir moins et baisser leur taux d’imposition. Ainsi, chaque collectivité pourra rechercher les solutions publiques ou privées les plus adaptées aux problèmes locaux, qui ne sont pas les mêmes à Paris ou dans un département rural. C’est la confrontation de ces expériences heureuses ou malheureuses qui permettra à toutes les collectivités locales de progresser. »

Suite d’hier sur la fiscalité. La flat-tax et la TVA ont du succès auprès de beaucoup de pseudo-libéraux car elle seraient plus justes parce qu’égalitaires. Si le pragmatisme d’une transition vers une véritable société libre peut justifier une fiscalité de circonstance plus égalitaire, il demeure simplement intolérable de voir un parti qui se veut libéral avancer le « civisme fiscal », oxymore abominable, comme argument pour la flat-tax !
La réduction des collectivités est de même une très bonne idée. Mais ici encore, laisser penser qu’il est positif de laisser certaines communes garder un net degré d’interventionnisme constitue un mensonge éhonté ! Il n’y a pas à « rechercher les solutions les plus adaptées », elles sont déjà connues et passent toutes par la plus vaste des privatisation. Décidément…


« 5. Libérer les talents : chèque-éducation, autonomie pédagogique.
De la qualité de l’éducation donnée à nos enfants dépend leur capacité à maintenir un niveau de vie de qualité demain. La créativité, la culture individuelle et la capacité de résoudre des problèmes de plus en plus complexes ont toujours été la clé de la prospérité. Or l'instruction publiq
ue ou sous contrat part à vau-l’eau à force d'appliquer des recettes qui échouent.
Nous rendrons la liberté aux professeurs et aux parents en distribuant le budget de l’éducation sous forme de chèque éducation. Tous les pays qui comme la Suède ont adopté ce type de réformes, ont vu leurs scores aux tests internationaux augmenter. Les écoles et les universités, à but lucratif ou associatives, auront toute liberté de choisir leurs méthodes de transmission des savoirs, offrant aux parents un véritable choix, et permettant aux meilleures expériences de se diffuser largement. »

Le chèque éducation, invention de Milton Friedman, est un des symboles de la limite de vision entre les pseudos-libéraux « démocrates » et de véritables libéraux. Une fois de plus, le PLD donne une excellente analyse, ici des déficiences du Mammouth EdNat. Mais le chèque-éducation ne peut pas être libéral, par essence même. Car il suppose au moins deux mécanismes forcément étatiques et injustes : la collecte d’un impôt pour redistribution sous forme de ce chèque et une instance pour en fixer le montant, voire les modalités.
Or un système *d’instruction* libre doit être libre de toute forme de bureaucratie, ni plus, ni moins. On opposera que tous n’auront pas les moyens de l’accès à un tel système. Et la réponse sera toujours la même : le marché. Pour ceux qui en doute, il y a un très bel exemple dans Libres ! où Bruno Levy nous résume The Beautiful Tree par James Tooley…

No comments: