Friday, February 3, 2017

Les preuves du feu

L’affaire Penelope aura donc fait grand bruit. Il est encore trop tôt pour savoir si elle aura finalement entraîné la chute du candidat de la droite, voire celle de la droite en général, aux élections de 2017, voire même au-delà. Mais alors que Fillon tentait hier soir de relancer sa campagne malgré tout et avec énergie, cette affaire encore vive à cet instant permet déjà de tirer diverses leçons sur ce pays, sur la place de la liberté et sur les enjeux qui se présentent aux libéraux sincères et préoccupés.

La première, peut-être la plus lourde de sens, ce sont les preuves du feu. Il y a eu scandale, indiscutablement. Fillon, comme tous les autres, est un corrompu. Ce n’est pas une surprise, surtout, pour les libéraux, cela ne doit pas l’être : ce n’est finalement qu’une manifestation de plus de la perversité et de l’hypocrisie de la démocratie représentative. Mais il y a un scandale au-delà du scandale, bien plus sournois, un véritable Léviathan : le microcosme en place a peur de la promesse faite de libéraliser le système et ne se laissera pas faire. Alors il n’hésite pas à torpiller le messager.

L’acte, ignoble, est très clair. Il est de la même veine que les tricheries de Hilary Clinton : la démocratie, peu importe, on fera tout pour que personne ne vienne changer le système en place. Le comble de la démocratie actuelle, c’est que les élus du passé ont mis en place des fonctionnaires en nombre, dont le pouvoir va désormais jusqu’au moyen de contester le choix proposé aux urnes.

Des preuves du feu découle une première épreuve du feu, celle de hier soir. Fillon a bien réagi, il a pris la seule posture possible, à mon sens, celle qui consiste à prendre le contrepied et à affirmer encore plus fort sa volonté affichée de liberté, de libéralisation – sans juger de sa sincérité. Il a donc, je crois, montré qu’il a identifié le coup bas et qu’il ne compte pas baisser les bras tout de suite.

Mais le véritable enjeu tient à l’épreuve du feu pour les libéraux, bien plus que pour Fillon. Car si Fillon arrive à passer, ou même qui que ce soit qui passe in fine, il est désormais tout ce qu’il y a de clair que le système résistera pendant tout le mandat contre sa destruction par la libéralisation.

Comme pour Trump, dès l’élection et sans doute pendant tout son mandat, le président devra faire la preuve d’un courage et d’une ténacité dont l’histoire nous a montré que fort peu de politiciens disposent, aguerris qu’ils sont au compromis, au louvoiement, à la promesse et à la veste retournée.

Pour les libéraux, le message est donc clair. On peut espérer en Fillon, en Fillon élu et en Fillon qui passe toutes les épreuves du feu. Ou bien on peut choisir de viser la mort du système lui-même.

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