Saturday, January 6, 2018

No-Borders vs No-Boundaries

Un mien article récent donne un rappel rapide de l’organisation générale de la Libertalie en termes de propriété privée des territoires sur la Planète – vision que certains qualifient de « propriétariste », comme si une société libre pouvait se concevoir hors de la propriété privée exclusive.

J’en rappelle ici le paragraphe sur lequel je souhaite revenir sous l’angle des frontières : « Comme le propriétaire fait le droit – la notion de propriétaire est large, cela peut-être un individu, tel un monarque, un collectif restreint (une entreprise, une oligarchie) ou une copropriété où tout le monde a une part variable de la propriété – c’est le propriétaire qui décide du régime politique en vigueur en ce lieu, et selon un processus de décision convenu. On peut donc imaginer une mosaïque quasi infinie de territoires aux régimes et aux règles aussi variés que l’homme pourra le créer. »

Bien des réactions se sont exprimées, s’inquiétant qu’un tel modèle serait très conservateur et peu dans l’esprit d’une véritable ouverture du et sur le monde, « libéralisante » disons, comme bien des fans du No Borders l’envisagent. Selon ces voix, ce modèle poserait trop de frontières et surtout irait à l’encontre du beau principe de libre circulation, où passeport et autres seraient choses du passé.

Je ne crois pas ces critiques fondées, elles relèvent selon moi d’une confusion entre le modèle et les multiples visions qu’il autorise. L’idée première, classique, reste que la liberté c’est le choix, et que ce choix peut être celui de l’ouverture au monde tout comme il peut être celui de l’isolement. Dans Atlas Shrugged, il est intéressant de souligner que John Galt va s’installer dans son Galt’s Gulch isolé du monde pour y développer une communauté randienne libre… Et pourquoi ne pourrait-il pas ?

Il me semble que le concept de No-Borders repose sur plusieurs idées qu’il faut bien replacer à la lumière du modèle « propriétariste » ci-dessus. D’abord, lorsqu’on parle de frontières, on parle implicitement d’état, de pays, de pouvoir. La Libertalie est libre de tout « état », de toute forme de nationalité, la circulation y est libre au sens qu’il n’y a pas d’état pour la contraindre arbitrairement. Il n’y a donc pas de borders, même s’il y a des limites entre les territoires. Si on doit chercher un terme anglais, je préfère parler de boundaries, pour marquer la différence. La liberté repose sur des limites.

C’est la même chose ? Non, absolument pas. Le passage d’une limite entre deux territoires adjacents est forcément le sujet d’un accord, d’un contrat entre les deux territoires, contrat qui figure quelque part dans les annexes au règlement intérieur ou autre du contrat que je signe quand je choisis d’y habiter. Sans même se pencher sur les modalités, il n’y a donc aucune forme d’arbitraire dans ce cas.

De plus, la pression concurrentielle entre territoires aidant, l’évolution de ces modalités ira sûrement peu à peu vers la pacification et donc vers l’allègement des exigences, si tant est qu’il y ait pu en avoir – oui, c’est probablement vrai, l’entrée du Galt’s Gulch ne sera pas laissée à tout le monde.

Enfin, toujours parce que le modèle repose sur des voies de circulation privées, si la demande est sensiblement pour la liberté de circulation, pourquoi les opérateurs et entreprises s’y opposeraient-ils ? Et de même dans l’autre sens, bien sûr... Le droit (la propriété privée) et les besoins sont deux choses différentes, deux choses qui font le marché, et la vie. Le rôle du droit et de rendre possible, le rôle des entreprises est d’imaginer le possible en fonction des besoins qu’elles perçoivent des clients.

Ainsi, si la Libertalie n’est pas No-Boundaries – elle est même Full-Boundaries – elle a tout du No-Borders. Ce qu’il faut lui ajouter pour qu’elle le soit vraiment, c’est juste la volonté que ses habitants apporteront ou pas de mettre à profit leur liberté structurelle pour bâtir un monde d’esprit ouvert.

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